En février 2016, les Archives nationales du film de République Tchèque dédiaient un numéro de leur revue Iluminace au cinéma amateur dans les pays du bloc de l’Est, en publiant en tchèque quatre études originales de chercheuses d’anciens pays socialistes. L’historienne roumaine Melinda Blos-Jáni nous propose aujourd’hui de découvrir la version anglaise de son texte (en téléchargement sur cette page).
Publiée par les archives tchèques du film (Národní filmový archiv), la revue trimestrielle Iluminace se consacre à l’histoire, la théorie et l’esthétique du cinéma depuis 1989. Le numéro de février 2016 fait écho au colloque organisé par l’institution à Prague sur le cinéma amateur dans les anciens pays socialistes, à l’occasion des 24e rencontres de l’association INEDITS du 30 octobre au 1er novembre 2014.
Tous les textes explorent les liens féconds entre création amateur et création professionnelle, en mettant en lumière certains aspects de l’organisation cinématographique d’un pays ou le travail des cinéastes amateurs eux-mêmes. Malgré les spécificités de chaque pays, le modèle communiste et sa gestion centralisée donnent au cinéma amateur plusieurs caractères très semblables d’un territoire à l’autre, dans les modes de production et d’exploitation.
L’étude de Maria Vinogradova, intitulée « Le Cinéma amateur socialiste contre le Gosplan : une infrastructure pour le cinéma amateur soviétique », décrit le lent processus d’intégration des activités du cinéma d’amateur dans la hiérarchie du cinéma soviétique. Elle explique notamment comment les conditions politiques et économiques en URSS ont entraîné des développements très différents de ceux d’Europe centrale et d’Europe de l’Ouest, les cinéastes amateurs soviétiques employant par exemple le format professionnel 35 mm, un format très inhabituel pour les amateurs à l’Ouest (son texte est disponible en anglais sur sa page Academia.edu).
Dans son texte « Exhumer les films amateurs de la Roumanie socialiste : faire l’histoire du cinéma amateur à travers l’histoire orale et les manuels d’apprentissage », Melinda Blos-Jáni examine les pratiques de trois générations de cinéastes amateurs de la famille Haáz dans la ville roumaine de Cluj. Elle réfléchit également à l’importance de l’histoire orale comme source, à ses propriétés spécifiques et à la nécessité de confronter les informations ainsi obtenues avec d’autres sources historiques. Elle nous propose aujourd’hui de découvrir une version anglaise de son texte, à télécharger sur cette page.
Veronika Jančová s’intéresse quant à elle à une histoire méconnue, celle des studios de cinéma créés au sein des entreprises tchécoslovaques et à la production de films industriels, dont les méthodes empruntent parfois au cinéma amateur, parfois au cinéma professionnel.
Enfin, Kateřina Svatoňová traite du film de famille à travers son texte « Des expériences (non) professionnelles avec la famille : les films de famille (de Jaroslav Kučera) comme exemple d’une pratique artistique ». Elle analyse la manière dont la personnalité et le métier de Jaroslav Kučera, chef opérateur tchèque (Les Petites Marguerites de Věra Chytilová en 1966 ; Chronique Morave de Vojtěch Jasný en 1968), transparaissent dans la forme des films de famille qu’il réalise. Selon l’auteur, ces images de Kučera se distinguent de celles des amateurs plus classiques par une plus grande érudition formelle, et s’approchent bien souvent du film professionnel et expérimental.
Jiří Horníček
Národní filmový archiv