Imaginant le premier format du cinéma destiné au grand public, la société Pathé conçoit, en 1922, une pellicule d’une largeur de 9,5 mm avec une perforation centrale. Peu avant Noël, le cinéma s’invite dans les foyers grâce à un projecteur facile d’utilisation, le Pathé-Baby. Le cercle de famille se passionne alors pour les films de fiction en version réduite et les films à visée éducative. « Le cinéma chez soi » est né.
Un an plus tard, Pathé lance une caméra 9,5 mm très simple à manipuler, rendant plus aisée la pratique du cinéma amateur. Chacun peut se rêver cinéaste de la vie quotidienne. C’est une nouvelle ère de l’histoire du cinéma qui commence, avec l’essor des films de famille et de vacances.
Les premiers cinéastes amateurs à Monaco sont réunis autour de Joseph Tournay, fondateur de la boutique Riviera photo, au 22 bis rue Grimaldi, revendeur de projecteurs et caméras Pathé-Baby. Son ami François Guidi s’équipe aussi et ensemble, ils mettent en scène sur le boulevard Albert Ier un petit film de type publicitaire avec la complicité des filles du photographe.
Les années folles, comme les décennies suivantes, voient la société, les décors, les villes changer, et les cinéastes amateurs devenir les chroniqueurs de leur temps, filmant des événements petits ou grands de leur existence sans autre arrière-pensée que d’en garder l’empreinte. Au-delà du sujet ou du récit que ces images de famille convoquent, c’est tout un arrière-plan qui se dévoile, où l’histoire et l’urbanisme se disputent souvent le premier rôle.
Le matériel mis à disposition des cinéastes amateurs se perfectionne techniquement. Certains cinéastes se réunissent en club pour co-réaliser des films qui s’apparentent à des actualités filmées locales d’autant que la pratique du montage est plus aisée. Pour les plus habiles, il est possible de sonoriser ses films avec un commentaire et de la musique. Les grandes évolutions urbaines des années 1960 sont ainsi saisies. De nombreux vacanciers séjournent à Monaco avec leur caméra 9,5 mm et capte les activités estivales balnéaires des années 1970, souvent en couleurs.
Estelle Macé et Vincent Vatrican
En partenariat avec la Fondation Jérôme Seydoux – Pathé, la direction du patrimoine du Centre National du Cinéma et l’association Inédits.